Quand Ton Employeur Réalise que tu Bosses pour Bouffer

  • Post last modified:06/04/2023
  • Post category:Travail et tabou

Encore un Neurchi de flex qui me fait mourir de rire. 

Ah comme on est bien loin des storytellers qui nous racontent des conneries sur LinkedIn. Ben, oui.

Le travail sert avant tout à bouffer.

 

Employeur : Donc tu viens juste pour l'argent ? - Moi : Et pour les bénéfices. - Employeur : ...

Elémentaire mon cher Watson…

On peut longtemps tourner en rond avec des envies de reconversion, notamment pour trouver plus de sens, mais attention, parfois, on a juste besoin de faire de tout petits changements.

Traduction du neurchi :

Employeur : Donc tu viens juste pour l’argent ?
Moi : Et pour les bénéfices.
Employeur : …

Et attention à la tyrannie du sens au travail !

Je retranscris et résume ici un excellent article de Ségolène Barbe :

Trouver un sens à son travail, est-ce vraiment indispensable?

Attention à la tyrannie du sens au travail !

« Ce qui compte, c’est d’être au clair sur ses enjeux personnels, sur ce qui est vraiment important pour soi ».

PSYCHOLOGIE – L’injonction à l’épanouissement professionnel devient omniprésente. Elle toucherait particulièrement les moins de 40 ans, qui ont eu plus de liberté pour choisir leur métier.

«Et toi? Tu fais quoi dans la vie?»

Cette entrée en matière des plus banales qui nous permet de briser la glace sonne pour certains comme une épreuve, les obligeant à «avouer» que leur job ne les passionne guère mais qu’ils y voient surtout un moyen de payer leur loyer et de nourrir leur famille…

Avoir un métier porteur de sens est devenu pressurisant !

Avoir un métier porteur de sens semble être devenu un «must», et ce plus encore depuis les confinements et l’essor du télétravail, qui ont remis en perspective la place que nous accordons au travail dans notre vie.

Aujourd’hui, 63 % des Français (en majorité ceux qui vivent dans les grandes villes) estiment que leur travail manque de sens (enquête Chance – Yougov, septembre 2020) et 30 % d’entre eux envisagent, une fois la crise sanitaire passée, de rechercher un emploi qui leur en offre davantage (Randstad, Le Sens au travail et l’impact du Covid-19, juillet 2020).

Il existe même un nouvel anglicisme – «brown out» – pour désigner
cette perte de sens qui peut mener certains à la déprime, voire à la dépression.

Est-on pour autant, pour être heureux, obligé de trouver du sens à son travail ? Pourquoi cette injonction à l’épanouissement professionnel a-t-elle pris autant de place dans nos vies ?

« Aujourd’hui, si vous n’avez pas un job intéressant, vous passez pour un ringard » résume Virginie Bapt, psychothérapeute et auteur du livre Ils ont vécu un burn-out.

Elle dénonce cette injonction qui pèse sur ses patients.

« Hier encore, j’ai reçu un garçon très brillant qui souhaite monter sa boîte », raconte t-elle. Il a du mal à avancer dans ses démarches et se sent comme paralysé, se demande s’il a fait le bon choix, si ce virage professionnel le rendra vraiment heureux.

Cette exigence d’épanouissement professionnel devient parfois inhibante, bloquant le plaisir et la capacité d’agir.

Perdu(e)

Pour la psychothérapeute, beaucoup souffrent de cette vision fantasmée de la réussite professionnelle véhiculée par les médias ou les réseaux sociaux.

« Lorsqu’on voit des startuppeurs en télétravail en train de jouer au ping-pong avec leurs collègues copains et leur patron mentor, on se dit qu’en comparaison, notre vie professionnelle semble bien terne », commente-t-elle.

Tout le monde ne peut pas sauver des vies

*Cette tyrannie du sens au travail toucherait plus particulièrement les « millenials » (les moins de 40 ans) qui, davantage que leurs parents, ont eu la liberté de choisir leur métier, ce qui fait peser sur leurs épaules une pression supplémentaire.

Mais tout le monde ne peut pas sauver des vies, réduire les inégalités ou protéger la planète…

Qu’est-ce, finalement, qu’un travail porteur de sens ?

D’après Estelle Morin, psychologue et professeur de management à HEC Montréal, qui a mené diverses enquêtes sur le sujet, depuis le début des années 1990, il se définirait par six caractéristiques :

  • se sentir utile,
  • avoir un travail moralement justifiable,
  • apprendre et développer son potentiel,
  • être autonome,
  • voir son travail reconnu équitablement,
  • tisser des relations de qualité avec ses collègues.

A chacun de trouver son bonheur selon ses valeurs qui sont, pour lui, les plus importantes.

« Ce qui compte, c’est d’être au clair sur ses enjeux personnels, sur ce qui est vraiment important pour soi », assure Virginie Bapt.

Pour certains, l’autonomie est créatrice de sens, pour d’autres, c’est l’apprentissage d’une compétence qu’ils exploiteront peut-être plus tard et ailleurs, dans un job qui leur conviendra mieux.

Tous les boulots ont des contraintes. Il faut aussi les accepter.

Le sens du travail passe aussi parfois par la proximité géographique – qui permet par exemple d’être plus présent pour sa famille, par des collègues sympas qui deviennent des amis, ou encore par un salaire confortable apportant la sécurité et le confort matériel dont on a besoin à un moment de sa vie.

Avec l’essor des nouvelles technologies, les « bullshit jobs » (« boulots à la con »), selon l’expression célèbre de l’anthropologue David Graeber, ont peut-être pris de l’ampleur, mais tout dépend aussi de la perspective que l’on adopte.

La fable du casseur de pierres

« C’est la fameuse fable des casseurs de pierre, à qui l’on demande ce qu’ils font ».

Le premier répond qu’il casse des cailloux, le deuxième qu’il gagne de quoi nourrir sa famille, le troisième qu’il bâtit une cathédrale, résume Noémie Le Menn, psychologue du travail et coach en développement de carrière.

Cela marche pour tous les boulots, même les plus ingrats : l’un dira par exemple qu’il aligne des chiffres sur un tableau Excel, un autre qu’il participe à la stratégie financière de l’entreprise…

C’est à chacun de créer son propre sens, quel que soit le job.

Attention, finalement, à ne pas surinvestir son travail !

Il ne faut pas tout en attendre, prévient Virginie Rapt.

Le sens vient d’un équilibre entre les différentes dimensions de notre vie : notre travail n’est qu’un élément d’un cheminement plus global.

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