#metoo a-t-il Fait Reculer la Culture du Viol ?

  • Post last modified:04/04/2023
  • Post category:Féminisme

#metoo a-t-il changé quelque chose au sexisme ordinaire envers les femmes ? Au harcèlement de rue ? À la prise en compte des viols ? Décryptage.

Une culture du viol tenace après #metoo

Il semblerait que le mouvement virtuel #metoo a peu fait bouger les lignes en France. Il suffit d’observer ce qui se passe sur le devant de la scène. Sur la trentaine de personnalités dénoncées publiquement dans notre pays, une petite proportion, seulement, a été poursuivie en justice. Du reste, des personnages comme le journaliste Eric Monier, malgré la plainte déposée contre lui pour « harcèlement sexuel et moral », a été nommé directeur de la rédaction de TF1. Georges Tron, pourtant accusé par plusieurs femmes de viol, a été acquitté. La France traîne là où les #metoo et #balancetonporc ont permis de faire tomber plusieurs agresseurs parmi des hommes célèbres ou occupant des fonctions importantes.

D’après Sandra Müller, à l’origine du hashtag #balancetonporc, « la France n’a rien compris au mouvement #metoo qui a été vu comme une menace à la liberté sexuelle. #metoo et #balancetonporc n’ont jamais été contre la drague, la séduction ou le sexe ! C’est un mouvement spontané né sur les réseaux sociaux pour dénoncer le fait que certains hommes usent de leur pouvoir pour abuser des femmes en situation de subordination. ». Lassitude.

L’insupportable inversion de la culpabilité

« Pourquoi tu n’as pas crié ? Pourquoi tu ne t’es pas enfuie ? ».

Pourquoi ne met-on pas direct un coup de boule aux imbéciles qui tiennent ce genre de propos ? L’insupportable inversion de culpabilité a toujours cours en France, malgré que l’effet de sidération soit un phénomène connu. Le lapin aveuglé par la lumière des phares, tout le monde connaît. Demande-t-on au lapin pourquoi il reste là ? Non.

Et pourquoi a-t-il fallu que la France soit ridiculisée, en plein milieu des mouvements #metoo et #balancetonporc par des Deneuve, des Catherine Breillat ou autre niaiseuse tordue, qui « défendent l’art de la séduction à la Française », qui font semblant de ne pas comprendre de quoi on parle ? Boycott ! La banalisation de la culture du viol, on en a marre !

Évolution de la culture du viol en Belgique

En comparaison, les choses se sont vaguement améliorées en Belgique où les plaintes déposées pour viol ont augmenté. Comment ? Grâce à la création de centres de prise en charge des violences sexuelles, à Gand, Bruxelles et Liège. Les victimes de viol y bénéficient de soins médicaux, support psychologique, et enquête médico-légale pour relever des lésions et traces biologiques. Le b.a-ba. Si elles en font la demande, les victimes peuvent ensuite déposer plainte, auprès d’un inspecteur formé à recueillir ce type de demande !

Démonter les clichés sur le viol

La femme qui dit non mais qui pense oui

Il y a toujours 17 % d’abrutis pour considérer qu’un « non » chez une femme peut en fait dire « oui ». Qu’on les fusille ! Qui peut-être assez crétin pour croire cela en 2019, à moins d’avoir été fini à la pisse !

Statistiquement parlant, 26 % des Français pensent toujours que les femmes savent moins bien que les hommes ce qu’elles veulent en matière de sexualité. La femme, cet être changeant et fantasque. Pauvre petite chose, va.

Le viol est commis au détour d’une ruelle sombre

Faux ! Rappelons que les viols se déroulent avant tout dans la cellule familiale (inceste, viol conjugal), et affective (amis, entourage proche), comme on le constate d’ailleurs, sur le site jeconnaisunvioleur.

Oser sortir seule le soir

Une femme qui sort dans l’espace public n’adopte pas plus de comportements à risques qu’un homme, si elle boit, s’habille moulant, ou flirte avec un inconnu. L’espace public appartient à tout le monde, sauf aux tordus qui essaient d’y imposer leur loi.

Ras-le-bol de cette crainte quasi-unanime des femmes de rentrer seules, tard le soir. Il est insupportable qu’il faille des groupes Facebook comme WomenWalk Nantes pour éviter le harcèlement de rue.

Dans les transports publics, il nous faut plus de courage. Tirer systématiquement sur la sonnette d’alarme lorsqu’une femme se fait emmerder dans le métro ou le tram. Interpellons les harceleurs de rue, lorsque nous les voyons à l’œuvre, et que nous sommes en supériorité numérique. Qu’on leur fasse regretter d’être nés aux auteurs de cat-calling !

Qu’est-ce que WomenWalk Nantes ?

 »WomenWalk Nantes » permet à ses membres de poster un message indiquant leur position et l’endroit où elles se rendent, pour entrer en contact avec d’autres femmes ayant la même destination. Le but est d’éliminer la peur de sortir le soir, et de rentrer à pied, au sortir d’un bar ou du boulot ! Johanne et Léonie, les deux sœurs fondatrices du groupe développent une application du même nom. Elle devrait être disponible fin 2019.

La contraception, une histoire de couple

Chacune fait ce qu’elle veut niveau contraception. Mais il faut en finir avec la diabolisation de la pilule féminine.

Rappelons que la pilule a des tas d’avantages. Il existe de nombreuses pilules dignes de confiance, qui ont fait leurs preuves depuis plus de 20 ans. La pilule permet d’atténuer les douleurs liées aux règles, aide à combattre l’anémie. Elle ne fait pas particulièrement grossir ou maigrir, contrairement aux idées reçues.

D’autre part, la pilule pour hommes existe depuis les années 80 !!! Il serait temps de partager cette responsabilité. La encore, la France est à la traîne là où de nombreux hommes demandent une vasectomie, à l’étranger. Plus d’informations sur lacontraceptionmasculine.fr !

L’histoire du grand méchant loup, de Giulia Foïs

C’est l’histoire d’un grand méchant loup, qu’avait les crocs, ça le rendait fou.

De la chair fraîche, cherchait partout, surtout dehors, quand il faisait noir. Dans les parkings et dans les gares, on savait, qu’il rôdait le soir, chassait pour pouvoir se nourrir, chez lui c’était ça ou mourir.

Après tout c’est bien naturel, qu’est-ce que tu foutais là ma belle ? Tu étais seule, il faisait nuit, et en plus tu étais jolie. D’ailleurs tu ne t’en cachais pas : tu les as montré tes gambettes, mais où avais-tu donc la tête ? Cette jupe faisait de toi une proie. Tu le savais, allons, allons, toi t’aurais dû faire attention. Le loup, lui, avait ses pulsions. Irrépressibles, incontrôlées, tu n’aurais pas du le tenter, ah non fallait pas jouer à ça… 

Alors il a fondu sur toi, t’as attrapée, t’as mise plus bas que terre, alors il t’a frappée, de coups ma belle, il t’a rouée. Mais moi je sais pas s’il t’a violée. Il paraît que t’as pas bougé. Et si ça se trouve t’as pas crié. Alors peut-être que t’as aimé.

On sait comment vous êtes vous autres, faites les mijaurées, tête haute. Vous dites non, vous pensez oui. En vrai, vous en avez envie. Folles du cul un peu mythomanes, kamikazes et mêmes pyromanes, ça va pas d’aller allumer, un grand méchant loup affamé ? Pas la peine d’aller pleurnicher, au fond vous l’avez bien cherché… 

Sèche-moi cette larme, et mouche toi le nez, ferme ta bouche, fais le dos rond, si t’as peur reste à la maison… Empêcheuse de violer en rond, surtout ne pose aucune question. Laisse-nous nous raconter l’histoire, du loup garou et de la gare. On est tranquille, on est peinard, ça évite de se demander, d’où vient ce permis de violer. Entre le fromage et la poire, on se dira que t’as déconné, et c’est pour ça que c’est arrivé.

Je vous laisse avec l’émission de Giulia Foïs qui m’a donné envie d’écrire cet article :

https://www.franceinter.fr/emissions/pas-son-genre/pas-son-genre-11-octobre-2019

Interview de Sarah Müller : La France n’a rien compris à « MeToo

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