Je ne vais pas faire dans l’originalité mais en tant que fille libre d’enfants, j’ai le mal de vivre en ce moment (sans ouin ouin ou mièvrerie inutile). Bibi ne croise que des gens reproduits, qui ont l’air heureux en plus (à part ma collègue mère de 3 chiards, très jalouse des femmes sans enfants).
La fille libre d’enfants que je suis ne peut pas imaginer les années à venir à supporter ce spectacle débile. À supporter la pression sociale. Même en admettant que je m’oublie dans des activités qui me passionnent, je sais pas si j’arriverais à passer au-dessus de cette réalité. Les familles ne me font tellement pas rêver ! Ils ont l’air heureux, ou font semblant de l’être. Car on ne voit que la pointe de l’iceberg. Ces jeunes parents ont l’air heureux, soit, tant mieux pour eux, mais le sont-ils vraiment, 100% du temps, ou juste en société ? Je cite une discussion sur un forum : « Paraître heureux, dans la rue, sur les réseaux, c’est pas compliqué. L’être dans l’intimité, réellement, en étant honnête avec soi-même, c’est différent. »
Vivre dans un monde sans illusions ou presque
Comme dirait un homme sage croisé sur un groupe Facebook « l’ignorance c’est le bonheur ». Je cite et résume ses propos : « on peut savourer un steak dans son assiette et l’apprécier. Ça va, tant qu’on ignore volontairement ou naïvement le calvaire que la pauvre vache a vécu en camp de concentration pour animaux. » Il parlait également de Lisa Simpson (« le bonheur diminue à mesure que l’intelligence augmente »).
Il est en effet plus compliqué de vivre dans un monde où toutes les barrières de l’illusion sont tombées…jusqu’à remettre en question sa propre existence sur cette Terre. Car du coup, pour nous les childfree, personnes libres d’enfants, la vie ce n’est pas, » école > permis > travail > mariage > enfants > scénic > maison > labrador « . Nous devons nous-même créé notre chemin, trouver notre place au milieu de toutes ces personnes, aux normes rigides.
Ces faux individus aux faux désirs
Ce qui m’énerve le plus, c’est qu’un certain nombre des familles que l’on voit, c’est du vent. Familles heureuses, mamans ou papas comblés, je ne m’adresse pas à vous. Je parle des autres. Ceux qui n’étaient pas vraiment amoureux de leur partenaire, qui se sont reproduits par mimétisme social.
Ça m’achève que ces gens peu convaincus soient allés se perdre dans une vie de famille au lieu d’apporter un peu d’air à cette France pro-nataliste…
Le désir mou d’être père, chez l’homme
Les désirs des garçons pour le futur
Vous entendiez beaucoup de garçons, autour de vous, quand vous étiez petits dire « Moi plus tard, je veux 1/2/3 enfants ». Très peu, n’est-ce pas. Autant je l’ai pas mal entendu chez les filles, autant je suis sûre de ne jamais l’avoir entendu chez les garçons, à l’école ! Alors pourquoi ??? Pourquoi accepter de se reproduire en masse quand on est si peu convaincus ?
Je suis célibataire et à chaque fois que je croise un mec qui me plaît, à présent, il s’est reproduit. Je pourrais vivre avec lui et son gamin. Les enfants sans les contraintes, je peux faire avec. Problème : en général, ces messieurs ne sont pas séparés de leur femme, copine. Je croyais que ça divorçait/se séparait rapidement ces dernières années…
Or, c’est souvent Madame qui divorce. Beaucoup d’hommes préfèrent laisser pourrir la situation. Je l’ai vu et vécu.
Comment mon ex. m’a parlé enfants pour me séduire
J’ai un ex. qui m’a parlé enfants dès le début de notre relation. Je lui ai bien caché que moi j’étais libre d’enfants et que je n’en voudrais probablement pas. De toute façon, pourquoi se projeter de la sorte la première semaine de la relation ? C’est très bizarre !
Bref, pourquoi me parlait-il sur le ton désinvolte d’un vendeur de voitures, d’une « petite fille qui te ressemblerait… ». Il n’avait pas plus envie d’enfants que moi. Il croyait ferrer le poisson, voilà tout. Mon ex. suivait beaucoup les modes du moment. Il était très mouton de Panurge.
Appel aux hommes maqués et père, parce-que-c’est-comme-ça
Mais dites-moi, messieurs, ceux qui ne sont pas bien dans leur couple, qui ont obéi aux choix de Madame, ne seriez-vous pas un peu lâches ? Alors que vous étiez occupés à répondre au désir pressant de maternité de votre copine, des filles bien comme moi étaient célibataires et ne vous auraient pas imposé d’enfants !
On aurait pu être heureux chouchou ! On aurait créer notre entreprise/association, on aurait fait un élevage de Saint-Bernard/de chèvres, on serait partis au bout du monde une année, on aurait acheté un bateau…peut-être aurait-on, eu/adopté un enfant sur le tard ou pas du tout.
Quel gâchis de s’enfermer dans cette pathétique vie normée et chiante !
Le désir flou d’être père, chez certains
Témoignage d’un homme sur un forum :
« Parmi tout mes amis masculins, l’envie d’enfants, ça n’était pas du tout affirmé, ni programmé. Tous sont en couple, à l’orée de la trentaine, et seul l’un d’entre eux est devenu père. Je ne dis pas qu’ils ne le deviendront pas, mais ça n’est pas leur priorité, et visiblement pas celle de leur compagne non plus (ce cas de figure a pu provoquer des ruptures). »
« Quelques-uns de mes collègues ont clairement fait un gosse car leur compagne le voulait. Ils regrettent. Je ne les plains pas. Je pense que pas mal de mecs vont vouloir des gosses parce qu’ils pensent que c’est ce que voudra leur compagne. Mais peut-être qu’il ne leur faut que rencontrer une personne qui n’en veut pas, pour comprendre qu’on vit très bien sans en faire. Je pense qu’il y a plein de personnes fille libre d’enfants (childfree) qui s’ignorent. »
« Personnellement, mes copains (masculins), à la fac ont tendance à dire « J’aurais des gosses comme tout le monde ». Alors qu’ils n’aiment pas vraiment ça. Il y en a un même un qui aime dire qu’il n’aime pas les enfants. Cependant, ils restent bloqués sur l’idée de faire des enfants comme tout le monde car ils ne « savent pas » que ce n’est pas obligatoire. J’en étais là aussi il y a quelques années. Ils rencontrerons peut-être une CF qui les éclairera ou ils auront des enfants et seront heureux de les avoir… on ne sait jamais ^^ »
(Dialogue)
« Moi aussi, la plupart de mes potes ne parlaient pas d’avoir des gosses. En tous cas ne se projetaient pas étant plus jeunes. Ils ont commencé à en parler une fois en couple « sérieux ». Sans aller jusqu’à dire que c’est leur copine qui les a poussé, c’est peut-être que nous les hommes, on a moins tendance à se projeter dans la parentalité. Pour nous c’est indissociable du couple, alors que pour beaucoup de filles être mère est une chose à part entière et une nécessité. Après ça fait très genré, j’imagine que l’éducation joue beaucoup sur ces comportements. »
Réponse d’une childfree : Oui je pense qu’on nous a enfoui ça bien profond dans la tête étant petit.e.s. Car je suis surprise de la rapidité avec laquelle certaines filles de mon entourage se trouvent un mec et pondent un chiard alors que leur couple n’est pas forcément super solide. Je comprends pas comment ces filles en arrivent à ne plus se poser de questions…si vite, juste pour une envie de se reproduire.
Si peu de personnes libres d’enfants ?
Revenons sur une phrase ci-dessus : Je pense qu’il y a plein de childfree qui s’ignorent. Oui, moi je pense comme le Monsieur qui témoignait plus haut. Parce que ne pas se reproduire est mal vu, jugé négativement, taxé d’égoïsme (alors que quoi de plus égoïste que de faire un enfant ?). Beaucoup ne s’avoueront pas que le désir d’enfant n’était pas vraiment là. C’est tellement plus rassurant de faire comme tout le monde.
Cette absence d’affirmation (« je ne veux pas d’enfants », ou « je suis quasiment certain.e, que je n’en veux pas ») m’amène à me sentir très seule. Ça me donne un sentiment d’irréalité qu’on soit si peu nombreux à dire qu’on ne veut pas se reproduire.
Réactions de la famille
Je vois que mon attitude libre d’enfants inquiète, dans ma famille, qui par ailleurs est assez ouverte. Les plus jeunes ré-affirment leur envie de faire des gosses, quand bien même les racines de ce désir me paraissent très floues.
Je crains ce moment où, ils se seront reproduits, et où je serai soit une tata gaga ou un peu plus distante (mais aimante), où je serai le vilain mouton noir dit « égoïste ». Pour l’instant, je suis l’aînée et ma CFitude les amène à se poser des questions. Mais ils reviennent bien vite au « j’aurais des enfants ».
Je crois voir de la douleur parfois, dans les yeux de ma famille quand je dis que moi les enfants, c’est niet et il y peu de chances pour que cela change. Ce sont pourtant bien eux qui m’ont ouvert les yeux sur les travers du monde. Ils ont été bien pessimistes ET réalistes. Faut savoir, ou bien on cultive son intelligence et on comprend que se reproduire n’est pas plus important qu’autre chose ou alors on se vautre dans la flemme intellectuelle et on se voile la face sur l’avenir sombre des gamins, et sur la vie passionnante qu’on peut avoir sans se traîner des mioches. Bref, je ne suis pas pressée que ma fratrie se reproduise.
Avis d’autres childfree (libre d’enfants)
Je vous laisse avec d’autres réflexions libre d’enfants (résumées) que je trouve extrêmement intéressantes :
« Des deux cotés il y a des gens qui ont des plans de vie définis, les hommes ont juste plus de pudeur sur le sujet. Dans l’inconscient, le mâle devrait être par tradition un macho qui s’en branle, laisser la main à la femme pour ce qui se rapporte à ça, mais il y en a une paire qui en privé rêvent d’avoir des gosses et pas que pour coincer une femelle.
L’illusion que l’accomplissement ultime dans une vie est de procréer, que sans ça le bonheur n’existe pas c’est du flan. Ils donnent cette impression car en sont convaincus à cause des facteurs extérieurs (problèmes d’affect, endoctrinement familial, pression sociale etc.).
Il faut laisser ces gens dans leur délire, s’en éloigner si ils te gonflent; ça vous protège mutuellement des prises de tête inutiles. À un moment donné ça isole, ça fait chier de tirer un trait sur des gens avec qui on avait des affinités, ça fait mal de repenser aux bons moments quand on a plus personne (ou si peu), seulement est ce que ça vaut le coup de se faire violence, de prendre sur ses nerfs pour ne pas blesser les personnes avec le fond de notre pensée ?
Avec le recul, je suis mieux seule que mal accompagnée ou entretenant des liens hypocrites. Pour les relations pro’, osef ces gens, il faut se dire que les supporter fait partie du boulot (dommage on ne peut pas avoir une prime à ce propos).
La famille, plus délicat de les évincer. L’avantage avec les proches c’est qu’on peut dialoguer avant de prendre des dispositions plus adaptées afin de ne pas les subir. »
Le deuil de certaines copines
J’avais une copine que j’aimais beaucoup. Sa résignation à vivre le modèle imposé par la société me dégoûte. Elle est restée en couple avec un mec qu’elle n’aimait pas tant que ça. Qui lui parle mal par moments et la laisse tout gérer. Les rares fois où on est allés chez eux avec des amis, on se demandait s’il n’était pas un peu brutal. Quand elle s’est retrouvée en cloque, elle m’a dit qu’elle détestait la grossesse. Elle a l’air quand même de tenir à son gamin mais…elle a laissé le fossé se creuser entre nous. Nous n’avons plus de conversations intéressantes, nous n’échangeons plus.
La dernière fois que je suis allée chez eux, seule, elle m’a lancé une pique pendant le repas. Quelque chose comme « alors c’est pour quand ? (un homme, un enfant) ». Son mec l’a relevé car il était choqué et surpris aussi visiblement. « Prends toi ça dans la gueule… » a-t-il commenté. Les circonstances de la vie font que j’ai déménagé pas loin de chez eux à un moment donné. Tout le temps où j’ai vécu à 10min de chez eux, on ne s’est pas vues une seule fois. Pas d’invitations de sa part, indisponibilité permanente devant mes invitations à moi. Bref, elle m’a écœurée.
Amitié de 10 ans perdue
Une autre copine que je connaissais depuis 10 ans a coupé les ponts avant de pondre. Elle s’est trouvé un mec super super chiant. Elle a changé totalement d’attitude. Au passage, elle n’envoyait jamais de nouvelles et nous remerciait avec effusion si on pensait à son anniversaire. Elle est tombée enceinte et s’est mariée dans la foulée. Jamais de nouvelles depuis.
À la base, elle était bien mal dans sa tête et sa vie. Quand je pense à tout le temps que j’ai perdu avant sa vie de Madame. A sécher ses larmes, à m’inquiéter pour elle. Ou encore à lui souffler des solutions à essayer (psychologue, sophrologie). Quand je vois ce qu’elle a fait de notre amitié de 10 ans ! Celle-là, je lui en veux à mort. Si elle revient un jour vers moi, ma porte sera close ou elle s’en prendra plein la gueule avant d’avoir le droit d’entrer. Qui plus est, sa vie forcée de Madame n’a clairement rien amélioré. Elle cache les dégâts de sa dépression chronique sous des tartines de maquillage. On dirait un personnage en cire, elle est laide à pleurer.
Quelques articles intéressants :
Oui, merci pour cet article qu’il m’aurait été agréable de lire il y a quelques années, quand je me sentais bien seule avec mon non-désir d’enfant (paradoxal, non?). Je me rappelle que je comptais les copines qui restaient sans enfants. Du cercle initial, il en reste quand même trois. Une autre a décidé de débuter une PMA. Heureusement que j’étais soutenue par mon mari qui lui aussi n’a jamais été motivé par le fait d’avoir des enfants. Malgré tout, ce n’est véritablement que lorsque que je me suis plus impliquée dans mon développement personnel (à travers la spiritualité) que j’ai rencontré plein de femmes sans enfant de tous les âges qui vivaient des vies joyeuses et riches. Elles ont été pour moi source d’inspiration. A mes yeux, cette sororité est importante, car ce n’est pas si facile de trouver sa place dans notre société qui encense la maternité.
Idem que pour ton autre commentaire : merci pour ton partage d’expérience. J’avais aussi répondu et ce n’était pas passé. Bizarre. J’ai l’impression que tant que nous ne sommes pas dans des assos, etc. où les gens sont engagés dans quelque chose, difficile d’échapper aux considérations familiales des uns et des autres. Au travail, j’ai trouvé ça très désagréable cette dernière année de rencontrer des gens que j’appréciais mais qui étaient dans le délire Famille et n’avaient donc plus le temps pour un verre en ville, une soirée Poker ou que sais-je. Je n’ai pas vu la chose venir ni se transformer ces dernières années. Ça m’a sauté à la gueule d’un coup et c’était assez désagréable !