La religion, la spiritualité, les traditions tiennent une place très importante dans la vie de beaucoup de personnes. Je n’ai pas d’opinion sur la chose, du moment que chacun se fait du bien. En revanche, dès qu’on me parle de religion comme d’une pierre angulaire de notre société, j’ai envie de rugir. Je vous explique pourquoi ci-dessous.
Athée et de famille athée, sans autre religion que la pâte à tartiner, je découvre régulièrement avec effarement que les gens qui m’entourent ont pour la majorité été baptisés. Lorsqu’on interroge toutes ces personnes baptisées ou qu’on leur demande pourquoi leurs parents les ont baptisés, on se rend compte que souvent, ils ne savent pas pourquoi. Ou ils ne se sont jamais posé la question.
Une réponse qui revient régulièrement, c’est : « Parce que c’est comme ça ». Parce que c’est comme ça ? Mais comment cela peut-il être comme ça ?
– C’est la tradition, m’a t-on aussi répondu parfois.
Souvent, quand on poursuit la discussion on se rend compte que la plupart des gens ne savent pas non plus pourquoi « c’est comme ça » ou pourquoi « c’est la tradition ». Je trouve ça étrange. Ton nom figure dans les registres d’une religion, catholique, admettons, tu as fait du catéchisme, une communion, tu prétends t’en foutre mais « mais c’est la tradition » ?
Qu’est-ce que la religion signifie vraiment pour vous ?
Je ne m’adresse pas ici à tous ceux pour qui la croyance est quelque chose de très personnel dont ils ne veulent pas parler ou qui ont leur interprétation de leur religion.
Ce qui m’inquiète plutôt, c’est l’idée que beaucoup de gens suivraient la tradition « au cas où ». Par crainte d’un potentiel tout-puissant qui surveillerait leurs actes, de là-haut. Je ne crois en rien mais je fais baptiser mes enfants, je les envoie au catéchisme, …par superstition, parce que socialement parlant, … »c’est comme ça » ? Alors que je ne mets jamais les pieds dans un lieu de culte que pour le visiter ?!? Je me signe à l’entrée d’une église, avec de l’eau bénite, j’enlève ma casquette, mon chapeau…parce que c’est comme ça, il faut respecter l’institution. On ne sait jamais…
En fait, ça ne me dérange pas, ça m’indiffère, tant qu’on ne vient pas me casser les pieds avec le sujet. Mais quand même, tradition sans signification, c’est étrange, non ?
Extrait de l' »Enfant perdue », d’Elena Ferrante.
Contexte : l’auteure vient d’avoir un bébé de son amant et ne veut pas baptiser la nouvelle-née.
Il ne s’assombrit que lorsqu’il découvrit que je ne voulais pas baptiser le bébé.
-« Les enfants, ça se baptise, affirma-t-il.
– Albertino et Lidia sont baptisés ? (les enfants de l’amant, enfants issus de son mariage).
-Bien sûr ! »
J’appris ainsi que malgré l’anticléricalisme qu’il affirmait souvent, le baptême lui paraissait une nécessité. Cela donna lieu à une conversation embarrassée. Depuis le lycée, j’avais toujours pensé qu’il n’était pas croyant. […] « De toute façon, dit-il, perplexe, on baptise ses enfants , qu’on soit croyant ou non.
– Ça ce n’est pas du raisonnement, c’est un sentiment ! »
Je pris un ton léger :
– Permets-moi d’être cohérente, je n’ai pas baptisé mes deux aînées, dis-je en souriant, je ne baptiserai pas Imma non plus. Elles décideront quand elles seront grandes.
Il y réfléchit un instant, puis éclata de rire :
– « Mais oui, quelle importance ? C’était juste pour faire la fête !
– On pourra faire une fête quand même ! ».
À la mort de la mère d’Elena, celle-ci lui dit :
– T’as raison de ne pas baptiser la gosse, tout ça c’est des bêtises, maintenant je sais que quand je mourrai, je deviendrai des petits, tout petits morceaux.
La paix des lieux saints et la superstition
Je reconnais qu’une cérémonie religieuse le jour de l’enterrement d’un proche, ça fait du bien. A défaut de cérémonies civiles, dans des endroits aussi paisibles que des églises. Mais le défunt en question, s’il se trouve réellement en face d’un dieu le jour de sa mort, il lui dit quoi ?
– Je n’ai jamais cru en vous, mais à ce qu’il paraît, vous êtes amour, est-ce que je peux entrer chez vous ? Parce que sinon, c’est l’enfer, c’est ça ?
– …Nos bureaux sont ouverts du lundi au jeudi, de 9h à 12h30. Allez donc patienter au purgatoire. Nous allons étudier votre dossier.
Oh le mec finalement, il se retrouve au purgatoire. Trop de bonté ! Donc on respecte un tas de codes religieux juste parce que « on ne sait jamais ». Je trouve ça très dérangeant car il renvoie à tous ces gens maintenus volontairement dans l’ignorance pendant des siècles…par l’Église. Dans nos contrées du moins. La menace d’aller en enfer pour un oui ou pour un non, le péché caché à tous les coins de rue, le confessionnal…un cabinet de psy à l’ancienne, le côté moralisateur en plus.
Maintenir la peur, la crainte de quelque chose qui nous dépasse, la superstition… C’est dangereux la superstition. On peut en faire avaler des choses aux autres, en jouant sur la superstition. C’est la voie ouverte aux sectes, aux faux prophètes, aux exorcistes en tout genre.
Je me souviens de quand j’étais gamine. Une copine me disait qu’il fallait que je m’inscrive au catéchisme. Je lui répondais « Non, je crois pas en dieu ». « Mais ce n’est pas grave, me répondait-elle. » À ta communion, tu auras de l’argent, des cadeaux, c’est vachement bien ». Il me semble qu’elle ne croyait pas non plus. En y repensant, c’est un discours qu’on m’a tenu plusieurs fois.
En dehors des récompenses, à quel point la crainte et la fascination exercées par les personnages de la Bible marquent-elles les enfants ? Sont-ils attachés à ces personnages ? Aussi attachés qu’ils le sont à leur doudou ou personnages favoris de dessin animé ?
(J’ai rencontré une allemande en Australie qui avait une citation de Rox et Rouky tatouée sur le bras).
On envoie ses enfants au catéchisme, et on leur inspire des croyances, des craintes irrationnelles, du même niveau que celles qu’ils trouveront dans tous les contes. Sauf que ce qu’on leur raconte au catéchisme est vrai. Si tu n’aimes pas dieu, à ta mort, tu iras en enfer ! Bonjour la culpabilité ! Ensuite, un homme et une femme avec des sexes ont fait de la sexualité…attention c’est péché ! Parce que coucher avec quelqu’un c’est sale. Tandis que Marie est pure elle, car elle a eu un enfant sans faire de sexualité ! Han !!! Quelle sainte femme !!! Mais malgré ce miracle extraordinaire, le plus saint de tous, c’est Jésus ! Parce que Jésus, c’est un garçon ! C’est un fils. Oh le divin enfant ! Il n’inspire pas le péché lui (enfin…si, tous ces prêtres pédophiles hélas…).
Et leur famille les récompense de croire à tout ça en leur offrant de l’argent et des cadeaux le jour de la communion ? Je trouve ça un peu malsain. Parce que le résultat de tout ça, ce sont, pour certains, et j’en ai croisé beaucoup, des gens qui ne sont ni athées, ni croyants …plutôt entre les deux. Il semblerait qu’il subsiste une crainte irrationnelle en eux, un guide moral invisible qui leur fait dire des choses…différentes de ce qu’ils font.
La copine d’université
Je me souviens de cette copine d’université. Elle couchait à droite à gauche mais disait des autres filles qui faisaient la même chose qu’elles étaient des « Marie couche-toi là », des « salopes ». Sainte Vierge 😀 !
À la question : « Tu te marieras, toi ? », elle m’avait répondu « Oui ». Je ne sais plus comment ni pourquoi mais elle avait précisé que ça se ferait à l’église. Ça m’avait interpellée.
– Mais pourquoi ? Avais-je demandé.
– Parce que je suis catholique.
– Ah bon, mais tu es croyante ?
– Non, mais j’ai été baptisée.
– Et alors ?
– Ben…(elle avait vraiment du mal à dire pourquoi), ma famille est catholique, c’est ma religion, c’est comme ça.
On en avait parlé un bon moment et clairement, dans sa famille, ils n’allaient pas à l’église, ne priaient pas, ne croyaient pas. Mais ils respectaient la tradition. Il y avait un crucifix dans sa chambre. Tout comme dans sa tête, une femme respectable n’avait pas d’aventures.
Elle a fini par se marier, dix ans plus tard, mais enceinte et dans une mairie 😀
Je trouve cela effrayant des gens qui suivent une tradition pour laquelle ils n’ont pas d’affection, d’attachement, une tradition qui n’a pas de sens pour eux, une tradition qui est juste là. Surtout lorsque cela implique des croyances et des interprétations totalement subjectives de ce qu’un dieu est, d’un livre « sacré », etc. Quelque chose qui impacte autant la vie des femmes, qui restreint leurs libertés, qui moralise leurs actions. Qui les transforme en utérus sur pattes.
Je me souviens aussi d’un groupe de stagiaires dont je faisais partie, en fin d’études. Ils avaient tous une religion. Il y avait des musulmans, des chrétiens et d’autres religions encore. On parlait beaucoup de politique, actualité et religion à table. C’était très sympathique. Bonne ambiance. À une occasion, j’ai dit que moi j’étais athée. J’étais la seule. Je me souviens de la tête d’un des stagiaires, de son incompréhension, de ses questions : « Mais…mais…comment tu fais ? ». Il ne pouvait pas concevoir qu’on vive sans un dieu. Les mots lui manquaient. Je crois qu’il était vraiment choqué.
J’ai eu un autre collègue croyant, ensuite, en Irlande. Il voulait m’offrir une bible à moi l’athée, pour mes 25 ans. Je lui ai dit que non, je n’en voulais pas car j’étais athée et fière de l’être.
Je me souviens de ce que racontait ma grand-mère. Enfants, elle et son frère étaient obligés d’aller à l’école privée car leur père travaillait pour les bonnes sœurs qui dirigeaient l’école (ou quelque chose comme cela). Ma grand-mère et son frère étaient méprisés par ces bonnes sœurs parce qu’ils venaient d’une famille de pauvres. Et les gamins de pauvres ne devaient pas s’asseoir près des gamins de riches. Dès que mon arrière-grand-père a pu exercer ailleurs, il a mis ses enfants dans une école publique.
Des exemples, il y en a plein.
Les athées qui devraient se convertir à la religion du/de la conjoint(e) croyant(e) s’ils ont le malheur de vouloir se marier religieusement…les prêtres pédophiles protégés par l’église…l’homosexualité chez les musulmans. Tellement d’hypocrisie dans les religions.
Les athées sont-ils aussi intolérants, eux, avec les croyants ? Non.
« C’est factuel, la France a des racines chrétiennes. » Nadine Morano
Certains extrémistes de droite parlent des racines chrétiennes de la France. Pour faire la nique à ces sales laïcards prêts à tous passer à ces vilains musulmans (piscines non mixtes, refus de consulter un médecin homme quand on est une femme).
Alors, déjà, la laïcité n’est pas un gros mot et n’appartient ni aux extrémistes de droite ni aux extrémistes de gauche. Elle vise à séparer le religieux du politique. Et on en a besoin, c’est vital ! Parce que les fables catholiques, islamiques ou d’autres religions, on en a jusque-là !
Ensuite, tous les musulmans ne sont pas croyants, et plein de musulmans croyants ne souhaitent pas étaler leurs croyances sur la place publique ni exiger de mettre du religieux dans le public au nom de leur religion.
Tertio, la France n’est pas née chrétienne. Elle était païenne. Elle a été victime d’une évangélisation forcée, d’un long long processus de christianisation. Tout comme la Bible pousse l’être humain à exploiter la Terre sans vergogne (« Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-la. Soumettez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et toute bête qui remue sur la terre », génèse 1.28). Je cite un passage de Science et Vie […] La situation actuelle découle directement de l’anthropocentrisme chrétien. En séparant l’homme du reste de la Création, celui-ci aurait en effet ouvert la voie, dès le Moyen Âge, au développement d’une civilisation technicienne. Avant que la science, à son tour, achève de désacraliser la nature. […]
Le père Noël est une invention totalement païenne. Noël a été placé le jour du solstice d’hiver. Dans l’Antiquité, ce jour-là, on fêtait à la fois le «Soleil invaincu» et la naissance du dieu Mithra. Les gaulois croyaient en Mithra, un culte qui leur venait des romains.
Ne serait-ce pas plus joli en ces temps de changement climatique de re-célébrer le solstice d’hiver, le printemps ? De nous rappeler qu’on fait partie de la nature, avant tout, et que la nature est intelligente, parfaitement organisée, qu’elle nous sera toujours supérieure, que nous ne la dompterons jamais.
Ça n’arrivera pas. Alors vivons nos vies en respectant la nature le plus possible et en changeant nos habitudes désastreuses. Car la nature nous survivra. Amen.
N’hésitez pas à commenter ci-dessous pour donner votre avis sur la religion et ses traditions, quelles que soient vos croyances ou non-croyances !
Je suis aussi allée au catéchisme sans trop savoir si j’étais croyante, ce n’était pas une contrainte familiale, pas une obligation… Mais je le faisais à la fois parce que mes grand parents sont catholiques pratiquants, et par curiosité. J’ai lâché à la fin du collège, c’était une expérience formatrice on va dire, mais je sais pourquoi j’ai un souci avec la religion catholique maintenant (par ailleurs c’était organisé par des gens très sympa par rapport à d’autres endroits). Inciter doucement à interroger ses convictions, c’est très dur… Il faudrait plus d’enseignements comme les cours de zététique de l’Université de Grenoble
Bonjour
Je ne veux pas être vexante mais…. tu as été en aumônerie en 4e/3e sans y croire ? Il est rare de voir des ados y aller par tradition, en primaire oui pour faire plaisir aux parents ou aux grands-parents mais au collège ???
Pour répondre à l’article, oui cela est surtout une tradition, parfois pour faire plaisir aux grands-parents. Mais je pense aussi que le « baptême civil » est peu connu et surtout pas reconnu officiellement. Aucune valeur juridique ou symbolique. Dans la religion, les parrains/marraines promettent d’accompagner l’enfant dans les valeurs de l’Eglise : ils ont un rôle réel.
Bien que maintenant on peut fêter la naissance d’un enfant autrement, autrefois c’était aussi une façon de présenter le bébé à la communauté et donc une reconnaissance de son existence.
Pourquoi je serais vexée ? A l’adolescence l’aspect groupe social joue beaucoup, or il y avait beaucoup de weekend organisés avec une ambiance sympa, des séances de débats autour de texte où on pouvait donner notre avis, développer des argumentaires etc… Rares sont les contextes où les ados peuvent faire ça. Et je me disais aussi que ma connaissance du milieu pourrait être utile pour échanger avec des croyants, pour comprendre des références culturelles etc, ce qui est le cas. Mais clairement j’étais pas obligée de m’infliger ça aha ! Si ça avait été un milieu plus conservateur d’ailleurs je serais probablement partie bien avant. Et sinon oui pour les baptêmes il y a une dimension sociale même encore maintenant même si comme tu le dis c’est dans une moindre mesure
C’est vrai que j’avais oublié cet aspect. Personnellement j’y suis allée pour le religieux mais j’ai arrêté en 5e : trop de religion depuis mes 5ans (cathé, messe 2x par mois, scout).
C’est vrai que l’aspect social a l’air très sympathique. J’ai un couple de copains (très croyants je crois) qui se sont rencontrés chez les scouts et dans notre groupe de potes ils faisaient partie des meilleurs pour organiser tout un tas de soirées, sorties, etc. Je pense qu’ils avaient gardé des habitudes de leur période Scout.
Je suis aussi allée au catéchisme sans trop savoir si j’étais croyante, ce n’était pas une contrainte familiale, pas une obligation… Mais je le faisais à la fois parce que mes grand parents sont catholiques pratiquants, et par curiosité. J’ai lâché à la fin du collège, c’était une expérience formatrice on va dire, mais je sais pourquoi j’ai un souci avec la religion catholique maintenant (par ailleurs c’était organisé par des gens très sympa par rapport à d’autres endroits). Inciter doucement à interroger ses convictions, c’est très dur… Il faudrait plus d’enseignements comme les cours de zététique de l’Université de Grenoble
Bonjour
Je ne veux pas être vexante mais…. tu as été en aumônerie en 4e/3e sans y croire ? Il est rare de voir des ados y aller par tradition, en primaire oui pour faire plaisir aux parents ou aux grands-parents mais au collège ???
Pour répondre à l’article, oui cela est surtout une tradition, parfois pour faire plaisir aux grands-parents. Mais je pense aussi que le « baptême civil » est peu connu et surtout pas reconnu officiellement. Aucune valeur juridique ou symbolique. Dans la religion, les parrains/marraines promettent d’accompagner l’enfant dans les valeurs de l’Eglise : ils ont un rôle réel.
Bien que maintenant on peut fêter la naissance d’un enfant autrement, autrefois c’était aussi une façon de présenter le bébé à la communauté et donc une reconnaissance de son existence.
Pourquoi je serais vexée ? A l’adolescence l’aspect groupe social joue beaucoup, or il y avait beaucoup de weekend organisés avec une ambiance sympa, des séances de débats autour de texte où on pouvait donner notre avis, développer des argumentaires etc… Rares sont les contextes où les ados peuvent faire ça. Et je me disais aussi que ma connaissance du milieu pourrait être utile pour échanger avec des croyants, pour comprendre des références culturelles etc, ce qui est le cas. Mais clairement j’étais pas obligée de m’infliger ça aha ! Si ça avait été un milieu plus conservateur d’ailleurs je serais probablement partie bien avant. Et sinon oui pour les baptêmes il y a une dimension sociale même encore maintenant même si comme tu le dis c’est dans une moindre mesure
C’est vrai que j’avais oublié cet aspect. Personnellement j’y suis allée pour le religieux mais j’ai arrêté en 5e : trop de religion depuis mes 5ans (cathé, messe 2x par mois, scout).
C’est vrai que l’aspect social a l’air très sympathique. J’ai un couple de copains (très croyants je crois) qui se sont rencontrés chez les scouts et dans notre groupe de potes ils faisaient partie des meilleurs pour organiser tout un tas de soirées, sorties, etc. Je pense qu’ils avaient gardé des habitudes de leur période Scout.