J’écoutais cette mission de France Culture qui parlait des étudiants ayant triché, durant leurs examens, en Fac ou en école de commerce. Phénomène amplifié, en cette période de pandémie. Cette émission m’a beaucoup parlé, car oui, moi aussi j’ai été une étudiante tricheuse…et j’étais sans doute loin d’être la seule, dans ma promotion !

https://www.franceculture.fr/emissions/les-pieds-sur-terre/etudiants-les-tricheurs
La triche aux examens, en école de commerce
Je suis très contente d’entendre une des étudiantes qui témoignent avouer que BEAUCOUP trichent, en école de commerce. Voilà qui fait plaiiisir ! On en fait tout un foin de ces foutues écoles de commerce, pleines de « gens brillants, entreprenants, avec des idées de génie« .
Vu les dizaines de milliers d’euros engloutis par les écoles privées… et pour le résultat que l’on voit ensuite (grands patrons véreux, cadres sans foi ni loi, développeurs sans respect pour les autres), moi je me dis que ça fait les pieds au privé, et à tous ceux qui croient aux vertus des institutions privées, de foutre autant d’argent en l’air pour de nombreux tricheurs, qui ne valent pas grand-chose.
Triche aux examens en ligne en fac
Et moi, est-ce que je valais quelque chose, malgré ma triche aux examens, en fac ?
Oh oui ! Au sortir des études, je ne sais pas. En tout cas, je savais bidouiller, en informatique, effacer mes traces, etc.
À vrai dire, tout ce que j’ai appris, durant mon master dit « professionnalisant » m’a peu servi. J’ai beaucoup appris, sur le tas, par la suite. Et le salaire, seule et unique motivation de mes longues études, était au RDV.
Je dirais que le niveau attendu, requis, dans les disciplines que j’avais précédemment étudiées, je l’ai plutôt acquis durant ma vie professionnelle. En revanche, j’ai vu, par la suite, dans le monde du travail, d’anciens camarades, très bons en classe (qui ne trichaient pas, je pense), très doués à apprendre par cœur avoir des difficultés inattendues, sortir des âneries assez énormes. Venant de la part de quelques grosses têtes très sûres d’elles-même et de leur savoir, c’était assez marrant.
Quand le système d’examens en ligne favorise la triche…
Nous utilisions un système nous permettant de poster en ligne nos « copies » d’examen. Étonnamment, elles étaient accessibles à tous. D’ailleurs, certain.s étudiants ayant triché, ayant songé à tricher ou soupçonneux envers le reste de la promo ont demandé la possibilité de rendre leur copie en mode « caché ». Il est étonnant que le système ne l’ait pas permis directement, à l’époque.
Moi je n’aimais pas spécialement ce que j’étudiais en Master. Je faisais surtout ces études car ma mère m’avait persuadée qu’elles me mèneraient plus loin que la psycho ou la philosophie, que j’affectionnais. Je voulais également obtenir un bac +5 me permettant de bien gagner ma vie. J’étais là « par défaut » et je m’ennuyais.
La triche aux examens en ligne est devenu un moyen de participer aux examens, en se fatiguant moins. Je faisais aussi cela parce que je doutais beaucoup beaucoup de moi et que j’avais besoin de retrouver mes réponses, chez les autres… ou de trouver de meilleurs réponses.
Je pense qu’un certain pourcentage de la promo, dont certain.e.s grandes gueules, très sûres d’elle, en faisaient de même. C’était facile et très tentant puisque les devoirs de nos petits camarades étaient disponibles. Il suffisait de les télécharger, directement, sur l’intranet dédié. Les professeurs, le directeur de formation étaient sans doute au courant, ou favorisaient la chose, puisque nous avions de nombreux travaux de groupe à rendre.
Tricher et culpabiliser
Je ressentais un peu de culpabilité, à l’époque. Je me sentais assez nulle de toute façon, en tout et pour presque tout. Je ne comprenais pas, au début, pourquoi j’avais été prise en Master. Alors, je faisais mon devoir, allais voir ce que les premiers avaient posté, puis je modifiais certaines (voire beaucoup) de réponses…
Je pense, cependant, que la triche a largement favorisé le sentiment de l’imposteur, que je ressens facilement, comme beaucoup de femmes, le sentiment d’être illégitime, de ne pas avoir droit à ce que j’obtiens.
Aujourd’hui, ayant écouté cette émission de France Culture sur les étudiants tricheurs, non, je ne ressens absolument plus aucune culpabilité, en repensant à mes années étudiantes. Les discours grandiloquents que certaines professeurs ont pu nous tenir, à l’époque, sur notre avenir professionnel, étaient largement exagérés. J’ai exercé pendant des années un métier extrêmement ennuyeux …et je hais le monde du travail, l’injonction à y être épanoui ou à faire semblant d’être épanoui.e. Je me reconvertis, tant bien que mal. Au bout du compte, j’aurais 1000 fois préférer faire de la psycho ou de la philosophie, quitte à galérer, en matière d’emploi. J’aurais sans doute été plus heureuse, mieux dans ma peau au travail, au début de ma vie professionnelle.
Je pense que nous devrions tous travailler moins (changement climatique oblige), notamment parce que les sommes engrangées dans les paradis fiscaux et par les gros riches (Bezos, Bill Gates, Zuckerberg, et j’en passe) devraient bénéficier à tous. Nos vies valent plus que leurs profits, à tous ces tricheurs, ces criminels de gros entrepreneurs, de lobbyistes qui compromettent l’avenir de la planèt
Je méprise tous les lapereaux de 2 semaines qui se laissent avoir par les discours « il faut travailler dur », « faire partie de la France qui se lève tôt » et nienienien. Je déteste les lundis matins, les cons qui prennent le bureau pour un lieu d’affrontement et de comparaison avec les autres.