Anecdotes Quotidiennes sur la Misogynie et le Sexisme

  • Post last modified:04/04/2023
  • Post category:Féminisme

Vous sentez-vous agacé.e quand on vous parle de féminisme ? Moi, il y a quelques années, oui !

Le féminisme fait peur, le féminisme dérange. On confond volontiers féminisme avec un groupe d’hystériques chiantes qui la ramènent sur tout et surtout pour rien. Comme si les choses avaient vraiment beaucoup progressé et que les féministes chipotaient sur des broutilles. Pourtant, la misogynie, le sexisme sont partout. Irrespect, violence verbale ou physique. Les femmes le vivent régulièrement dans les transports, au travail ou en couple et c’est loin d’être des broutilles.

Le féminisme ne s’est pas construit dans la haine des hommes mais pour la défense des femmes. Laure Adler

mysognie 

On a besoin, terriblement besoin du féminisme. Certains médias peuvent toujours s’amuser à le caricaturer, à inviter des personnalités caricaturales qui font du mal à la cause, le féminisme est un besoin. C’est une cause qui n’a jamais tué personne, tandis que le machisme lui, tue et agresse des femmes tous les jours. La misogynie de son côté s’invite encore un peu trop souvent dans nos vies. À suivre quelques anecdotes ordinaires…

Misogynie dans le bush en Australie

Travail en HelpX dans un camping…

C’est le paradis, il fait beau, les cacatoès à huppe jaune papotent dans les arbres, la dame python diamant, mascotte du camping, se balade ici et là, quand elle ne dort pas sous le toit des sanitaires (ce qui est parfaitement normal) et tout le monde sait qu’elle ne mangera pas les petits-enfants, ..

Le matin, nous les help-x-eurs, nous travaillons dans le camping et l’après-midi, nous allons surfer. Les tâches nous sont distribuées par le couple de réceptionnistes. Parfait ! À mon arrivée, je trouve M. le réceptionniste, un native English, un brin méprisant, un brin cynique façon « Je suis le patron et vous êtes les minables employés » quand il nous indique notre emploi du temps de la journée. Misogyne aussi (mais ça c’est partout en Australie, les filles font font le ménage, les garçons vident les poubelles).

Bon…j’apprécie la copine du réceptionniste et on a peu à faire à lui.

Les jours passent, tranquilles, cools ou ennuyeux parfois. Le soir, l’équipe mange, au complet, dans la cuisine d’été, à disposition de tout le camping. Je n’ai pas de complicité particulière avec le réceptionniste. Pourtant, à deux reprises, en l’espace d’une semaine, il se passe deux trucs bizarres. Une première fois en me parlant, il arrive derrière moi et me met les mains sur les épaules. Humm. Ça me met vaguement mal à l’aise mais je ne relève pas. Je croyais que les anglais n’étaient pas réputés pour être tactiles…

Un anglais un peu trop collant

SERPENT

Ça arrive une deuxième fois, alors que nous sommes en groupe. Ça me surprend de nouveau. Je regarde discrètement sa copine qui…nous regarde, en tirant la tronche, me semble-t-il. Je parle de la situation à une pote. « Oh, il est tactile, c’est tout » (eh oui, comme tous les con.n.e.s qui minimisent les évidences… oh putain, on ne s’en sortira jamais !), me dit-elle. Mouais. Pourquoi pas mais je n’ai pas l’habitude que des gens que je connais à peine aient ce genre de gestes avec moi. À table, le soir, il vient s’asseoir à plusieurs reprises près de moi. Pur hasard, peut-être.

Je n’y pense plus trop, mais lorsqu’on est réunis, en groupe, je m’arrange pour me tenir loin de lui, en me disant que ça réglera le problème, si problème il y a réellement.

Tu veux ma main dans ta gueule, connard ?

Deuxième semaine. Je n’y pense plus. On fait un barbecue avec l’équipe. Je ne sais plus pourquoi ni comment mais tout d’un coup, môssieu est près de moi et pose sa main sur ma hanche ! Devant sa copine. C’est moi qui me fait des idées ou elle tire une gueule pas possible ??? D’une part, ce geste me surprend totalement, encore une fois, et en plus il me met super mal à l’aise. La tête de 3 pieds de long que fait sa copine (que je trouve très cool) accentue mon malaise. Je fais semblant de rien et je m’éloigne.

J’en reparle à la pote avec laquelle je partage une caravane. En lui disant que je trouve ça gênant et désagréable. Elle trouve cela un peu bizarre elle aussi.

La deuxième semaine s’écoule. Je me dis que de toute façon, je m’en fous, s’il recommence je lui ferais une réflexion vexante devant tout le monde et qui plus est, je me casse à la fin de la semaine. Donc il ne pourra pas remettre ça.

Quatrième geste déplacé du réceptionniste

Jeudi soir, la nuit tombe, on fait un barbecue avec l’équipe. On rit, on boit, on est détendus. Tout d’un coup, deux mains se posent sur mes épaules et commencent un massage plutôt sensuel. Je suis un peu éméchée, je pense que c’est ma pote, donc pour déconner je lance « yeahh Momo, goooo on! » (bien bien porno le ton). Dans la demi-seconde qui suit, je comprends que ce n’est pas ma pote Momo, mais lui. 

Putain !!! Mais à quoi joue-t-il ? On serait devenus super potes, à boire et jouer aux cartes, ensemble, je ne dis pas, mais làààà, j’ai une grosse envie de l’émasculer. On a même pas une once de complicité. Je regarde en direction de sa copine qui nous regarde, pas contente.

J’aimerais lui dire « What’s wrong with your boyfriend? Why do you stay with such a piece of shit!?! ».

Comme tout cela se produit encore par surprise, je ne sais pas trop comment réagir. Dois-je me dégager brusquement et lui dire de virer ses sales pattes de mes épaules ? Devrais-je, au contraire, simuler la détente de façon caricaturale pour le mettre mal à l’aise ? Je me barre dans deux jours, je m’en fous, donc j’en rajoute :

« yeahhhh, oh yeahhh!!! Go on! Huuuum, yeahhh ! ». Sa copine a l’air furibarde. Il arrête. Je crois que j’ai réussi à le mettre mal à l’aise. Durant les deux jours qui suivent, je ne le vois quasiment pas ce qui facilite grandement les choses. Je me barre du camping. Trop bizarre cet English ! Sûrement pas à son premier coup d’essai.

Misogynie administrative pour l’Épouse Tartempion

C’est l’histoire d’une dame.

La mairie, au moment des législatives lui envoie un courrier où figure son nom de jeune fille, attaché à celui de son époux avec un trait d’union, suivi d’un Épouse Tartempion. Elle trouve la mention Épouse Tartempion dépassée, misogyne. Moi aussi je trouve ça dépassé.

Alors elle va se plaindre à la mairie et demande une rectification pour les futurs courriers à venir, à savoir la suppression du Épouse Tartempion. On lui demande alors de faire une demande écrite pour voir disparaître ladite mention. Elle s’énerve, elle incendie l’employé(-e ?) de mairie.

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Bon d’accord, il faut bien qu’il y ait une réclamation enregistrée quelque part. En effet, sa demande est peu courante. En outre, les choses évoluent très lentement.

Mais la question est surtout, pourquoi autant de femmes acceptent-elles encore de n’être que l’ombre de leur mari, administrativement parlant ? Pourquoi prennent-elles le nom du mari comme nom principal ?

J’ai eu des collègues d’une cinquantaine d’années qui ont vivement regretté d’avoir relégué leur nom original aux oubliettes. En effet, quand elles ont divorcé des dizaines d’années plus tard, l’administration, elle, ne suivait pas. Que ce soit au travail ou à leur banque. Certains fichiers informatiques étaient mis à jour, d’autres pas. Ce qui leur a occasionné des tas de problèmes. Vous imaginez, vous, voir le nom de votre ex constamment associé à votre petite personne ?

Misogynie au travail, dans une PME

C’était mon premier emploi après mes études. Je travaillais au milieu d’une majorité d’hommes. J’avais un chef qui appelait sa femme « la spécialiste de l’intendance ». Il n’était pas très vieux, il était ennuyeux et il ne me déléguait rien qui soit trop intéressant.

Les collègues masculins en majorité faisaient des blagues graveleuses, pourraves. J’avais envie de les frapper. Je n’osais pas porter de jupe, car je voyais bien comment la tenue des filles de l’accueil était régulièrement commentée. Elles supportaient cela depuis des dizaines d’années. Pire encore, de temps à autre, ils leur rappelaient qu’elles étaient vieilles. Des machos et des gros beaufs quoi.

Un jour, j’ai fini par mettre une jupe. Ça n’a pas loupé…

À 9h, l’infographiste, un affreux poilu du visage, m’a dit : « Bonnasse ! ». Je lui ai répondu, du tac au tac : « Grognard ». Au bout de six mois, j’ai refusé le deuxième CDD qu’on me proposait car merci bien l’atmosphère lourde et pesante ! Ça les emmerdait ! Bien fait CONNARDS !!!

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Retrouver un.e employé.e à mon poste, la/le former, c’était long, pénible et coûteux. Dans votre cul, les connards ! Bye bye les merdeux !

Je suis partie travailler à Dublin et non seulement, j’étais beaucoup mieux payée pour un job alimentaire intéressant, mais en plus personne ne traitait les filles comme de la merde !

Misogynie à l’école primaire

C’est l’histoire d’une institutrice. Une institutrice qui trouvait ça normal qu’un petit garçon ait mis la main aux fesses d’une petite fille parce que cette dernière portait une robe.

Misogynie à l'école
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Elle disait à ses collègues que la gamine aguichait ! Heureusement, elle se fit vite contredire par certain.e.s collègues. Parce que tout de même, une petite fille qui aguiche, c’est un peu fort de café, non ? Cela aboutit à une longue discussion, entre les deux institutrices, jusqu’à celle qui voyait la gamine comme une aguicheuse concède que si ça avait été sa fille, elle n’aimerait pas qu’on dise d’elle qu’elle aguichait, parce qu’elle portait une robe.

Wouah, ça a été lent la comprenette !!! La haine du féminin se combat tous les jours, partout, à tous les niveaux !

Esprit de Service Public 1-Haine du féminin 0


 

Cet article a 3 commentaires

  1. CARDAMOME

    tellement de travail encore à faire ddnas ce domaine et dnas le domaine de l’objectivité, dans les deux camps article fort interessant merci pour ta visite!

  2. Lalalala (chantez-le comme vous voulez)

    Merci pour ce super article qui fait du bien ! En tant que féministe, j’ai l’impression que les choses changent, sûrement plus vite depuis #MeToo et #BalanceTonPorc.

    Mais… ce week-end, j’ai accompagné deux enfants, un garçon et une fille, dans une fête foraine. Ils se sont jetés sur un premier stand de pêche aux canards. La foraine leur distribue des épuisettes en disant : « Alors, une épuisette rose pour la petite fille, et une violette pour le petit garçon ! » Je la regarde avec des yeux ronds : je ne pensais pas que les gens qui croyaient à ces conneries existaient encore. Je souhaite aussi préciser que si la foraine a proposé une épuisette violette au petit garçon… c’était probablement parce qu’elle n’en avait pas de bleue *soupir*.
    La partie de pêche terminée, les enfants vont choisir leurs gains. Je remarque alors que le présentoir est soigneusement divisé entre un côté… rose et un côté… bleu. La foraine ne montre à la petite fille que le côté… rose et au petit garçon, que le côté… bleu. Il a encore du boulot, le féminisme !

    Après cette première pêche, nous continuons nos petites aventures. Nous tombons sur un deuxième stand de pêche aux canards, qui a vite fait d’appâter les enfants. C’est reparti pour un tour. A la fin, les deux gosses vont à nouveau choisir des jouets. La fillette prend un set de maquillage pour poupée. La foraine me sourit de toutes ses dents et me dit : « Que voulez-vous, c’est une fille ! » J’ai envie de lui répondre « Chère madame, j’ai très envie de vous noyer parmi vos canards. Puis-je ? » Mais je me calme, je laisse la lassitude m’envahir, je lui fais un sourire hypocrite… et je me demande comment éveiller les enfants à l’égalité des genres quand ils ont tant de signaux roses et bleus, brillants, alléchants et aveuglants autour d’elles/d’eux.

    1. Hello, merci pour ce super commentaire très parlant, Dear. Je dois avouer qu’on a envie de laisser la lassitude gagner…MAIS, au fond, ce que te répondit la foraine, ou ce que peuvent asséner des gens satisfaits du système, en général, ce n’est qu’une opinion, qui n’a pas plus de valeur qu’une opinion féministe. Alors Osons, prenons l’habitude d’oser, avec assertivité. Au « Que voulez-vous, c’est une fille ! », la prochaine fois, dire « Ben moi j’aimerais qu’elle ait du bleu cette fois, pourquoi n’aurait-elle pas du bleu ? ». Je le dis volontiers, ce n’est pas facile, et moi aussi, j’ai manqué de réagir, cette année, parfois. Tout au plus, parfois, ai-je appuyé de façon léthargique les propos d’une autre féministe. Or, c’est un combat de tous les jours, alors osons, à chaque fois que ça nous agace, et peu importe la réaction en face. Ce n’est qu’une opinion qui n’a pas plus de valeur que la nôtre.

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